Votre proche âgé vous demande-t-il de vous répéter de plus en plus souvent ? A-t-il du mal à suivre une conversation, et particulièrement au téléphone ? Remarquez-vous qu’il monte anormalement le volume de la télévision ou de la radio depuis quelque temps ? Si tel est le cas, il se pourrait bien qu’il souffre de presbyacousie. Affection répandue chez les seniors, il s’agit d’une perte progressive de l’audition liée à l’âge. Assez handicapante au quotidien, une déficience auditive peut entraîner de réelles complications dans leur vie courante. Est-il possible de retarder son apparition ou son avancée ? Quelles solutions existent pour lutter contre les troubles de l’audition et leurs effets sur les personnes âgées ? Nos conseils dans cet article !
De nombreuses raisons peuvent expliquer la baisse ou la perte d’audition chez une personne, telles que l’hérédité, l’exposition prolongée au bruit, un accident ou des infections auriculaires à répétition. Cependant, l’avancée en âge peut à elle seule conduire à une baisse de l’acuité auditive, allant parfois jusqu’à la surdité.
Cette affection concerne plus de la moitié de la population âgée en France, à niveau variable selon les individus. En effet, selon la DRESS, à partir de 80 ans, plus d’une personne sur deux a des problèmes auditifs, même s’ils ne sont que légers.
La perte auditive liée à l’âge est graduelle, de sorte qu’une personne atteinte de presbyacousie peut mettre un certain temps à en prendre conscience. Elle perd peu à peu la capacité d’entendre et de distinguer les sons les plus aigus, ce qui provoque des difficultés de compréhension de la parole, en particulier en milieu bruyant. Cette surdité progressive touche de façon relativement symétrique les 2 oreilles.
Les difficultés à suivre une conversation face à face ou au téléphone ainsi que le fait de faire « répéter » régulièrement constituent les premiers signes de troubles de l’audition. Comprendre un mot pour un autre, sembler mélanger les informations ou répondre « à côté » à des questions sont des signes qui doivent vous alerter.
Vous pourriez dans un premier temps confondre ces symptômes avec ceux d’une affection neurodégénérative type Alzheimer, mais pour autant votre proche n’aura aucun mal à réaliser des actions de la vie courante et sera cohérent dans ses propos lorsqu’il vous racontera lui-même quelque chose.
Ainsi, les principaux symptômes de la perte d’audition chez les personnes âgées sont :
• Avoir des difficultés à entendre au téléphone ;
• Avoir du mal à suivre les conversations lorsque deux personnes ou plus parlent ;
• Demander souvent aux gens de répéter ce qu’ils disent ;
• Devoir augmenter le volume de la télévision au point que les autres se plaignent ;
• Avoir du mal à entendre à cause des bruits de fond (dans la rue, au restaurant, etc.) ;
• Avoir l’impression que les personnes autour de soi marmonnent au lieu de parler distinctement ;
• Ne pas comprendre lorsque les femmes et les enfants parlent (difficulté à percevoir les sons aigus).
Si vous soupçonnez que votre parent puisse développer des troubles de ce type, une visite chez son médecin traitant est vivement conseillée. Ce dernier réalisera un bilan auditif et sera en mesure de vous orienter vers un spécialiste en fonction des résultats obtenus.
De nature à éloigner socialement, la surdité et les troubles de l’audition entraînent fréquemment une détérioration des relations sociales. Il devient de plus en plus difficile de participer à des conversations, et la peur de faire perdre patience à son interlocuteur peut devenir omniprésente.
Les personnes âgées qui n’entendent pas bien peuvent devenir dépressives ou s’éloigner des autres parce qu’elles se sentent frustrées ou gênées de ne pas comprendre ce qui se dit. Parfois, on peut penser à tort qu’elles sont confuses, peu réactives ou peu coopératives parce qu’elles n’entendent simplement pas bien. Ainsi, on constate un risque accru d’isolement chez les seniors souffrant d’une baisse significative de leurs capacités auditives.
Votre parent pourrait ainsi devenir taciturne, se renfermer sur lui-même sans raison apparente, même en présence de ses proches. Ce manque d’interaction peut entraîner un isolement social et cultiver un sentiment de solitude, pouvant mener à terme à une dépression et augmenter significativement le risque de démence sénile. Il est donc essentiel de rester attentif et de réagir rapidement si vous percevez des symptômes.
Par ailleurs, la presbyacousie peut également mettre en danger les seniors dans leur vie quotidienne, notamment à l’extérieur. Ne pas entendre le bruit des voitures, des klaxons ou des sonnettes de vélo sont autant de risques d’accidents potentiels. À domicile, ne pas entendre sonner ou frapper à la porte ni la sonnerie du téléphone ou l’alarme incendie peut également s’avérer ennuyeux, voire dangereux en certaines circonstances.
Les problèmes auditifs ignorés ou non traités peuvent s’aggraver et mener à terme à une surdité totale. Pour autant, il existe de nombreux traitements (appareillage auditif) permettant aux personnes âgées de retrouver l’ouïe. N’hésitez donc jamais à solliciter un avis médical afin de mettre en place un plan de soin adapté.
Plusieurs études scientifiques ont émis l’hypothèse d’un lien entre la perte d’audition et l’apparition de troubles cognitifs chez certaines personnes âgées. Une première étude publiée en 2011 par le Dr Frank Lin, Professeur de médecine gériatrique à l’Université John Hopkins dans le Maryland (USA) démontrait une corrélation effective entre une ouïe défaillante et l’apparition de démence, sans pour autant affirmer que ce lien soit direct ou indirect.
Dans une seconde étude parue en 2013, le Docteur Lin estimait à 36% l’impact direct des troubles de l’audition sur le déclin cognitif et l’apparition de la maladie d’Alzheimer ou apparentée. Il affirmait également que les seniors souffrant d’une perte auditive étaient 30 à 40 % plus susceptibles d’être sujets à une forme de démence que les autres.
Plusieurs spécialistes français avaient également pris la parole dans unarticle publié par la Croix en 2015 et la conclusion était la suivante : si l’on ne peut pas encore prouver qu’une perte auditive favorise l’apparition de la maladie d’Alzheimer, elle accélère indiscutablement le déclin cognitif des personnes âgées atteintes, notamment par le manque d’interaction et donc de stimulation.
Ainsi, « l’audition fait appel à des zones du cerveau qui sont liées à la mémoire. Lorsqu’on n’entend plus, ces zones sont désactivées ». « Ne plus entendre des bruits habituels de la vie quotidienne peut entraîner une moindre stimulation de la plasticité neuronale du sujet et faire baisser ses réserves cognitives globales », expliquaient Arnaud Devèze, Docteur spécialisé en Otorhinolaryngologie à l’Université d’Aix-Marseille et Philippe Amouyel, Directeur de la Fondation pour la recherche sur la maladie d’Alzheimer.
Pour en apprendre davantage sur la maladie Alzheimer, vous pouvez consulter notre article ➡️ Alzheimer : comment favoriser un meilleur sommeil ?
Cette défaillance est irréversible, il n’existe donc pas de traitement curatif permettant d’en guérir. En revanche, les différentes solutions d’appareillages permettent aux personnes âgées de regagner en capacité auditive lorsque l’appareil est porté. Selon les modèles, il est possible de restaurer l’audition jusqu’à 95%, et donc de permettre aux seniors de retrouver leur ouïe et leur autonomie.
Vous pouvez vous procurer des audioprothèses sur ordonnance de la part d’un médecin ORL lorsque la perte auditive est supérieure à 30 décibels. En deçà, vous pouvez en acheter à la pharmacie ou sur Internet. Ces derniers sont des modèles accessibles à tous et ne seront donc pas adaptés spécifiquement à l’audition de chacun, mais ils peuvent constituer une bonne alternative de départ pour les petits budgets.
On dénombre 3 types d’appareils auditifs :
Si vous soupçonnez que votre proche âgé puisse être atteint de presbyacousie, ne tardez pas et contactez votre médecin traitant afin de réaliser un bilan auditif. Pensez ensuite à mettre au courant son entourage (famille, aides à domicile, etc.) afin que chacun puisse adapter son ton et le timbre de sa voix. Parlez distinctement, sans crier, et de préférence face à la personne afin que celle-ci puisse également décoder vos gestes et expressions faciales. Enfin, rendez-vous chez un audioprothésiste afin de trouver un traitement adapté qui rendra à votre parent le plaisir d’entendre de nouveau comme avant !
Sources :
https://www.pour-les-personnes-agees.gouv.fr/vivre-domicile-avec-un-handicap-auditif