Le 11 mai dernier, la France a franchi la première étape d’un déconfinement progressif suite aux mesures drastiques prises pour éviter la propagation du Coronavirus. Parmi celles-ci, un confinement obligatoire pour toute une partie de la population. La France a ainsi assisté à une recrudescence de l’isolement des personnes âgées.
Ces nouvelles mesures permettent aux citoyens de peu à peu reprendre une vie normale, et surtout une vie sociale. Une décision bien nécéssaire après avoir été coupés du monde durant deux mois.
En effet, si ces mesures ont été prises pour la sécurité de tous, beaucoup de spécialistes redoutaient les conséquences psychologiques du confinement. Les plus touchés furent les individus « fragiles » dont font partie les personnes âgées.
Ce thème d’actualité nous permet d’aborder ici un sujet récurrent du domaine du mieux vieillir : L’importance et la nécessité du maintien d’un lien social fort chez les personnes âgées.
Nous vous proposons donc un article à visée informative, ponctué d’espoir et de positivité !
Dans son avis de juin 2017, le Conseil Economique, Social et Environnemental définit l’isolement social comme suit :
« L’isolement social est la situation dans laquelle se trouve la personne qui, du fait de relations insuffisantes dans leur nombre ou leur qualité, est en situation de souffrance et de danger. Les relations d’une qualité insuffisante sont celles qui produisent un déni de reconnaissance et un déficit de sécurité. Le risque tient au fait que l’isolement prive de certaines ressources impératives pour se constituer en tant que personne et accéder aux soins élémentaires et à la vie sociale. »
De toutes les générations, celle des 75 ans et plus est celle qui a été la plus impactée par la montée des solitudes en France. En effet, 1 personne âgée sur 4 est seule (27% en 2014 contre 16% en 2010).
Une enquête réalisée en 2017 par l’Institut CSA pour l’association Les petits frères des pauvres, révélait que 32% des personnes de plus de 60 ans « n’avaient personne avec qui parler de sujets personnels » et 22 % n’avaient pas de contacts réguliers avec leur famille. Le confinement a renforcé cette observation.
Les changements démographiques et sociétaux survenus dans le courant du 20ème siècle ont conduit à un changement drastique de point de vue sur la place des personnes âgées dans la société.
Auparavant , les personnes âgées étaient considérées comme les piliers de la société et de leur famille. De nos jours, ils apparaissent plutôt comme une charge. On parle même de discrimination à leur égard, définie par le terme « âgisme », en opposition au « jeunisme ».
Dans de nombreux cas, la personne âgée n’est donc plus considérée comme une richesse mais comme un fardeau. Ainsi survient le risque d’un sentiment d’inutilité, d’une perte d’estime de soi et de repli sur soi. Ces différents facteurs conduisent inéluctablement à l’isolement.
Au-delà de ces considérations sociologiques, les premiers facteurs d’isolement des personnes âgées seraient la perte du conjoint. Suivent ensuite l’éloignement géographique des proches, ainsi que l’augmentation du taux de dépendance physique, empêchant la personne de s’adonner à des activités à l'extérieur. (Source)
Si la solitude et l’isolement sont néfastes pour les êtres humains de manière générale quel que soit leur âge, leurs effets se trouvent décuplés chez les personnes âgées. De nombreux chercheurs et professionnels de la santé s’accordent à penser que le manque de contact humain, d’affection et de stimulation auraient un impact direct sur la santé mentale et physique des personnes concernées.
« Ce n’est pas le fait de vivre seul, mais vraiment la sensation subjective d’isolement et de solitude qui a des conséquences dramatiques sur la santé » a déclaré le Professeur John Caccioppo, psychologue social à l’Université de Chicago. Son équipe a démontré que le sentiment de solitude est associé à une augmentation de 14% de la mortalité prématurée chez les personnes âgées. Soit deux fois plus que l’obésité et presque autant que le fait de vivre des conditions socio-économiques défavorables.
Il a ajouté « Se sentir profondément isolé des autres peut générer des troubles du sommeil, une tension artérielle élevée, des pics matinaux de cortisol (l’hormone du stress), mais aussi altérer l’expression des gènes dans les cellules immunitaires. On note également un accroissement de la dépression et une diminution de la sensation de bien-être ».
Selon le Professeur Joël Belmin, chef du pôle de gériatrie de l’hôpital Charles Foix d’Yvry-sur-Seine : « Le sentiment de solitude est un symptôme fréquent de la dépression. Or, on sait que les personnes dépressives ont beaucoup plus d’ennuis de santé que les personnes du même âge sans dépression. »
Cette déclaration est d’ailleurs confirmées par Sabine Faber, infirmière au sein de l’équipe mobile de psycho-gériatrie du Centre hospitalier spécialisé Esquirol de Limoges. « Nous pouvons observer à quel point la solitude fragilise. Les personnes âgées isolées sont moins sollicitées sur le plan cognitif, ce qui favorise l’apparition de troubles de la mémoire et laisse davantage de temps pour les ruminations anxieuses ».
Mais la bonne nouvelle, c’est que si l’isolement engendre des conséquences délétères pour la vie et la santé des seniors, une vie quotidienne riche en échanges et en stimulations apporte, à l’inverse, d’innombrables bénéfices.
Ainsi, il est reconnu que le fait d’entretenir des liens sociaux réguliers permet une meilleure stimulation cognitive. Que ce soit par la discussion, le jeu, le rire etc. Cela permet à la personne âgée de sortir malgré elle de sa « zone de confort » et d’éviter le repli sur soi. En effet, les rencontres fréquentes permettent de rester alerte, de se fixer des objectifs, de se sentir utile.
Un proche voyant régulièrement le senior saura également détecter un problème de santé, un comportement anormal. Ceci favorisera une prise en charge rapide. D’autre part, un aîné ayant des contacts épanouissants avec son entourage bénéficiera de nombreux avantages. Le cerveau est stimulé et les baisses de moral sont bien moindres.
Face à ce constat, de nombreuses mesures gouvernementales ont été prises chaque année pour tenter d’éradiquer ce phénomène et de renforcer les liens sociaux des seniors. (Source)
De nombreuses associations, notamment la très célèbre « Petits frères des Pauvres » regroupant plus de 12 000 bénévoles, communiquent régulièrement autour de ce sujet, dans une démarche de sensibilisation.
La période de confinement engendrée par la pandémie de coronavirus a permis une prise de conscience collective et de belles initiatives bénévoles et citoyennes.
Il s’agit, par de petits gestes réguliers, d’éviter l’isolement ou tout sentiment de solitude ou d’abandon. Ainsi, préserver le lien social peut se faire de différentes façons :
Le maintien du lien social des personnes âgées est donc l’affaire de tous. C’est entre autre pour cette raison qu’Ernesti a été créé. Pour en savoir plus sur Ernesti, cliquer ici.
En effet, en plus de créer un environnement rassurant et sécurisant pour la personne âgées, les Accompagnements permettent de maintenir un lien régulier avec l’extérieur. Cela apporte un peu de joie et de nouveauté dans leur quotidien.
Nous proposons un accompagnement par des étudiants en santé pour limiter l’impact de l’isolement chez les personnes âgées.
Que les Aidant(e)s soient proches ou éloignés géographiquement, l’intervention de nos Chouettes est toujours stimulante et bienfaisante pour leurs Accompagné(e)s, aussi bien pour leur santé, leur moral et leur simulation cognitive !
http://www.fredericserriere.com/silvereconomie/la-pyramide-des-besoins-des-seniors/
https://academic.oup.com/psychsocgerontology
https://www.cairn.info/revue-de-neuropsychologie-2013-1-page-4.htm