Avez-vous remarqué depuis quelque temps que votre proche âgé semble moins sûr de lui au volant ? Petits accrochages, carrosserie éraflée ou ralentissement général de la vitesse de conduite sont autant de signes qu’il est peut-être temps pour lui d’abandonner le volant pour sa propre sécurité et celle des autres usagers. Cependant, ne plus prendre la voiture signifie perdre une partie de son autonomie et peut également impacter de manière négative l’estime de soi d'un senior. Alerte, prévention ou interdiction, comment réagir en tant que proche aidant ? Quelles solutions alternatives proposer pour préserver son indépendance et sa mobilité ? Dans cet article, découvrez comment savoir qu’il est temps pour une personne âgée de renoncer à conduire définitivement.
Souvent pointés du doigt comme responsables de nombreux accidents de la route chaque année, les plus de 65 ans en sont pourtant davantage victimes. En effet, selon l’Observatoire National Interministériel de Sécurité Routière (ONISR) en 2020, 643 seniors ont perdu la vie sur les routes françaises, soit 25% de la totalité de la mortalité routière alors qu’ils ne représentent que 19% de la population.
Les personnes de plus de 65 ans représentent même 50% des piétons et des cyclistes tués. Les 65-74 ans sont déclarés responsables d’un accident de la route mortel dans moins de 10% des cas, contre 19,2% chez les 18-24 ans. (source)
L’avancée en âge ne représente pas un risque en elle-même, cependant, plusieurs facteurs liés aux conditions médicales d’une personne âgée peuvent rendre la conduite plus dangereuse :
• La baisse de la vue et de l’audition ;
• la diminution des réflexes pouvant entraîner un temps de réaction plus long pour freiner ;
• les douleurs et les raideurs articulaires ;
• la consommation de certains médicaments ;
• le déclin des capacités cognitives.
Après 65 ans, il est nécessaire de faire le point régulièrement avec son médecin afin de s’assurer que son état de santé est toujours compatible avec une conduite sans risque. Vérifier ses capacités sensorielles, cérébrales et sensitives en effectuant un test annuel d’aptitude à la conduite est également recommandé.
En tant que proche aidant, soyez attentif à tous les signes pouvant suggérer que le comportement de votre parent au volant peut s’avérer dangereux pour lui-même et pour autrui. Cependant, une baisse des capacités ne signifie pas forcément devoir abandonner son permis prématurément. Il existe des moyens simples et efficaces d’augmenter sa sécurité tout en restant autonome sur la route.
Votre proche âgé ne se sent pas prêt à renoncer définitivement à prendre sa voiture ? Si son médecin ou les tests d’aptitude n’ont pas démontré d’incapacité totale à la conduite, il est possible de préserver sa sécurité en adoptant quelques réflexes simples :
• Ne pas prendre la route si l’on a mal dormi ou si l’on se sent fatigué ;
• éviter toute consommation d’alcool et de stupéfiants ;
• vérifier auprès de son pharmacien la compatibilité des traitements avec la conduite ;
• planifier ses trajets en avance et éviter les longs parcours ;
• s’en tenir à des trajets connus et éviter de prendre l’autoroute ;
• éviter les heures de pointe et la conduite de nuit ;
• ne pas prendre la voiture en cas d’intempéries.
Bon à savoir : il existe également de nombreuses possibilités de suivre un stage de remise à niveau spécialement adapté à la conduite des seniors. Une autre solution est celle de changer son véhicule ou de le faire adapter. Cet aménagement peut parfois être partiellement pris en charge par l’APA.
Parfois, les précautions ne suffisent plus et il faut se rendre à l’évidence : votre parent doit renoncer définitivement à prendre le volant pour sa propre sécurité. Dans la plupart des cas, cette situation ne survient pas d’un jour à l’autre et découle d’une perte d’autonomie progressive.
Parmi les états de santé incompatibles avec la conduite, on retrouve notamment :
• Une acuité visuelle binoculaire (des deux yeux) inférieure à 5/10 malgré les corrections optiques ;
• les troubles cognitifs ;
• la consommation de médicaments susceptibles d’inhiber les réflexes ou provoquant de la somnolence.
Le médecin traitant a la responsabilité d’alerter ses patients dans cette situation et de les orienter vers un médecin agréé. La prise de rendez-vous avec le médecin agréé relève en revanche de la responsabilité du patient concerné et de ses proches.
Bon à savoir : il n’existe pas de limite d’âge pour conduire en France. Ainsi, il ne figure aucune clause sur les contrats d’assurance auto stipulant l’arrêt obligatoire de la conduite pour les clients âgés. Cependant, les automobilistes de plus de 70 ans sont souvent considérés comme des « profils à risque » pour les assureurs. De ce fait, le prix de l’assurance ou de la franchise peut augmenter significativement et certaines compagnies demandent un certificat d’examen médical complet. (source)
Pour une personne âgée, renoncer à conduire revient à abandonner une partie de son autonomie et peut bousculer son estime de soi. L’arrêt de la conduite peut également poser des problèmes de mobilité, notamment dans les zones rurales peu ou non desservies par les transports en commun. Quoi qu’il en soit, accepter de laisser son véhicule une bonne fois pour toutes représente toujours un tournant majeur dans la vie de votre parent. N’hésitez pas à aborder le sujet avec lui de manière directe, mais bienveillante, en lui faisant part de vos observations et de votre angoisse.
Dépendance vis-à-vis de ses proches pour effectuer ses trajets quotidiens, risque d’isolement et sentiment d’infériorité dû à la perte d’autonomie sont autant de facteurs pouvant durement affecter le moral de votre proche. En tant qu’aidant, votre rôle n’est pas seulement de le prévenir des dangers qu’il encoure, mais aussi de l’accompagner vers l’acceptation de cette nouvelle réalité. Vous pouvez également réfléchir ensemble pour trouver des solutions alternatives, comme par exemple :
• L’achat d’une aide à la mobilité comme un vélo adapté ou un scooter électrique ;
• un abonnement SNCF ou une carte de transports en commun ;
• du covoiturage ;
• des services spécialisés dans le transport à la demande (souvent moins onéreux que les VTC ou le taxi) ;
• l’intervention d’une aide à domicile ou d’une auxiliaire de vie véhiculée pouvant l’accompagner lors de ses sorties.
Il se pourrait que vous deviez faire face à un refus catégorique de la part de votre proche. En proie à ses émotions, il pourrait vous répondre de manière agressive et ne pas accepter d’écouter vos conseils.
Selon Sylvie Bonin Guillaume, professeure de gériatrie à l’APHM, « Brandir le spectre de l’interdiction auprès des séniors est contre-productif. Le senior va tenter à tout prix de prouver qu’il est toujours en mesure de conduire. Par contre, poser la question en termes de confort permet une prise de conscience de ce qui est raisonnable et de ce qui ne l’est pas. » (source)
Ainsi, vous fâcher contre lui ou confisquer ses clés risquerait davantage de nuire à votre relation que de produire l’effet positif escompté. En revanche, aborder le sujet avec son médecin traitant pourra probablement s’avérer bénéfique. En effet, votre proche sera surement plus enclin à écouter l’avis d’un professionnel de santé et à suivre ses recommandations.
Bon à savoir : en dernier recours, il est possible de signaler votre proche auprès du préfet de son département de résidence. Si celui-ci estime l’alerte légitime, il pourra exiger un examen auprès d’un médecin agréé en aptitude à la conduite et prendre les mesures nécessaires selon les résultats obtenus.
Le dispositif Sortir Plus (ou sortir +) proposé par la caisse de retraite complémentaire Aggir-Arco
Le service domicile + train proposé par la SNCF
Pour faciliter les déplacements des personnes âgées, certaines communes et associations proposent des services d’accompagnement gratuits, ou éligibles au règlement CESU. Pour tout renseignement, rapprochez-vous des services de votre mairie, du CCAS, du CLIC ou de la MDA (Maison Départementale de l’Autonomie) de votre commune.
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En tant que proche aidant, il n’est jamais facile de faire face à la perte d’autonomie de son parent âgé. Vous pouvez être amené à prendre des décisions allant à l’encontre de ses désirs afin de préserver sa sécurité, ce qui peut être doublement mal vécu par votre proche. N’oubliez pas que vous avez aussi le droit de vous faire aider et accompagner dans cette mission. Si la charge mentale est parfois difficile à supporter, n’hésitez pas à en parler avec un professionnel qui saura vous orienter vers des solutions de soutien adaptées.
Sources :
https://www.securite-routiere.gouv.fr/chacun-sa-conduite/conseils-aux-proches-des-seniors