Le 10 septembre, journée nationale de la prévention du suicide, permet d’aborder un sujet souvent passé sous silence : le risque de suicide chez les personnes âgées. En effet, le souhait de mettre fin à ses jours n’est pas l’apanage de l’adolescence ou de la jeunesse, et de nombreux aînés doivent également faire face à des idées noires. En tant que proche, Aidant ou membre de la famille, il est possible de limiter les risques en apprenant à reconnaître les signes avant-coureurs et en adoptant les « bonnes » attitudes. Si vous pensez que l’un de vos proches âgés présente potentiellement un risque suicidaire, n’hésitez pas à alerter rapidement un professionnel de santé compétent et à vous faire également soutenir et accompagner. Dans cet article, vous retrouverez toutes les informations et conseils nécessaires pour vous épauler dans cette démarche.
Si le nombre de décès par suicide est faible comparativement aux autres causes de décès chez les seniors, ces dernières n’en restent pas moins une tranche d’âge à risque. En effet, selon l’INSERM, les personnes de 70 ans et plus représentent 30% du total des décès par suicide en France. Elles seraient environ 3000 chaque année (source).
Mais quelles sont les raisons pouvant pousser des personnes d’un âge avancé à commettre l’irréparable ? Et est-il possible de mettre en place des gestes simples de prévention au sein de son foyer ou avec ses proches ? La réponse est oui !
Parmi les principaux facteurs de risques identifiés, on retrouve notamment :
• L’isolement ou le sentiment d’isolement ;
• La dépression ;
• Le sentiment d’inutilité et le sentiment d’être devenu un poids pour ses proches ;
• La maladie, la perte d’autonomie et la souffrance physique ;
• La présence de troubles psychologiques ;
• Les situations de ruptures (deuil, perte d’un conjoint, placement en institution, etc.)
Si certaines de ces situations peuvent s’avérer inévitables, le rôle des professionnels de santé, mais surtout de l’entourage va jouer un rôle majeur. En effet, plus une personne âgée se sentira écoutée et soutenue, moins elle aura tendance à passer à l’acte. Ainsi, la bonne santé physique et psychique et le soutien social jouent un rôle protecteur fort vis-à-vis du des personnes âgées.
Si vous ressentez que votre proche âgé adopte depuis quelque temps un comportement ou tient des propos vous laissant à penser qu’il se laisser aller à des idées noires, sachez que vous n’êtes pas seul et que des professionnels sont là pour vous épauler et l’aider à remonter la pente.
Un acte suicidaire est souvent précédé de signes plus ou moins faciles à distinguer pour l’entourage. Voici ceux qui peuvent vous alerter :
• Un état dépressif généralisé ;
• une négligence physique (ne plus vouloir se doucher, ne plus manger) ;
• un isolement ou un repli sur soi soudain ;
• des messages verbaux indirects tels que « je ne suis plus bon à rien », « vous seriez mieux si je n’étais plus là », etc.
Bien entendu, il n’est pas aisé pour un proche ou un membre de la famille de réaliser un tel constat et un état dépressif passager ne signifie pas forcément souhaiter mettre fin à ses jours. Aussi, seuls un médecin ou un psychologue peuvent réellement évaluer le risque suicidaire chez un individu. Cependant, ce type de changement de comportement soudain doit être pris au sérieux.
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En tant qu’Aidant, vous ne savez peut-être pas vraiment comment vous positionner et vous craignez peut-être d’aborder le sujet directement avec votre proche. Si vous remarquez certains des signes mentionnés plus haut (ou d’autres, de nature à vous alerter), parlez-en avec les autres membres de votre famille afin de savoir si eux aussi partagent votre perception.
Si votre parent bénéficie d’aide à domicile, vous pouvez également questionner les intervenants afin de savoir s’ils ont remarqué quelque chose ou s’il s’est confié à eux.
N'hésitez pas à rapidement aborder le sujet avec son médecin traitant, son gériatre, ou son psychologue s’il suit déjà une thérapie. En tant que professionnel de santé agréé, il sera en mesure de vous conseiller sur la démarche à suivre et de vous guider vers les personnes compétentes.
Vous pouvez également entamer une discussion ouverte avec votre proche, en lui faisant part de vos inquiétudes. Si vous pensez qu’une approche trop frontale n’est pas la bonne solution, faites-lui comprendre que vous avez remarqué quelques petits changements dans son attitude dernièrement.
Essayez de lui demander ce qui l’accable, de lui faire verbaliser ses émotions et ses ressentis. Il peut être parfois plus difficile de s’ouvrir aux membres de sa famille, et notamment ses enfants. Vous pourriez lui suggérer d’entamer une thérapie, ou de parler à un professionnel qui saura l’écouter avec bienveillance et sans jugement.
Oser en parler c’est contrecarrer l’idée reçue selon laquelle « parler avec une personne de ses intentions suicidaires, c’est faciliter son passage à l’acte ». Au contraire, c’est l’occasion pour la personne en souffrance de se sentir écoutée, et ainsi faciliter une demande d’aide et de soutien.
En tant qu’Aidant, quelle que soit la situation de détresse dans laquelle se trouve votre proche, n’oubliez pas qu’il est également essentiel de vous préserver. Même en lui apportant votre aide et votre soutien inconditionnel, vous négliger n’est pas non plus la bonne solution. N’hésitez jamais à demander de l’aide et à vous faire épauler par des professionnels ou des associations spécialisées et n’oubliez pas que ces mêmes personnes sont également là pour prendre votre parent âgé en charge.
Depuis le 1er octobre 2021, le 3114, un numéro national de prévention suicide est à votre disposition. Cette plateforme d’écoute est gratuite et accessible à tous 24 heures sur 24, pour les personnes en situation de détresse psychologique ainsi que leurs proches.
Sources :