Le terme « salarié aidant » est dérivé du terme « proche aidant ». Il fait référence à une personne qui s’occupe activement et régulièrement d’un proche en état de dépendance (voir définition de Proche Aidant), et qui a un statut de salarié en entreprise par ailleurs.
Cette appellation ne doit pas être confondue avec « aidant familial salarié », qui désigne un proche aidant sous statut salarié. L’aidant familial salarié travaille pour et est rémunéré par le proche dépendant à qui il vient en aide.
Dans cet article, nous vous proposons de détailler ensemble ces deux sujets, afin de vous permettre de mieux vous situer en tant que proche aidant et salarié ; et également de vous aider à connaître et à faire valoir vos droits en tant que salarié aidant.
Les personnes salariées prenant soin d’un de leur proche en parallèle de leur activité professionnelle sont le type de salariés aidants le plus courant.
Il est estimé qu’aujourd’hui en France, environ 11 millions de personnes, soit un Français sur six, s’occupent dans l’ombre d’un proche malade, handicapé ou âgé. Aussi, près de la moitié d’entre eux assument ce rôle en plus de leur emploi.
En effet, environ 5 millions de salariés prendraient aussi soin d’un enfant, d’un parent, d’un proche malade ou en difficulté. La prise en compte de leur situation en milieu professionnel s’améliore mais il reste encore beaucoup à faire.
L’année dernière, la fondation April a, pour son étude « Le Baromètre des Aidants », questionné ces derniers au sujet des difficultés rencontrées au quotidien.
S’ils sont eux aussi sujets au manque de temps et à l’épuisement physique et moral, les salariés aidants doivent également faire face aux problématiques engendrées par leur condition de salariés.
Ainsi, selon l’étude précitée, il a été déclaré que les salariés aidants souffriraient majoritairement :
En effet, il est très difficile de concilier sa vie professionnelle et sa charge d’Aidant sans que cela ait des répercussions sur sa santé à plus ou moins long terme. Ainsi, le stress, l’épuisement physique et l’inquiétude permanente se répercutent sur la concentration, l’acuité intellectuelle et la motivation des salariés, entraînant souvent la sensation d’un manque d’efficacité.
Une évolution professionnelle épanouissante va souvent de pair avec se voir confier de plus grandes responsabilités. Cette évolution est donc peu compatible avec le quotidien des salariés-aidants, qui en plus de leur manque d’efficacité réel ou supposé doivent aussi composer avec l’absentéisme, la prise régulière de RTT ou de congés.
De nombreux aidants sont hantés par la peur de perdre leur emploi, si leur hiérarchie venait à considérer qu’ils ne sont plus aussi efficaces qu’avant, ou pensent risquer de recevoir un « avertissement » pour retards réguliers ou absentéisme répété.
Les Aidants ont également été questionnés sur les solutions qu’ils souhaiteraient voir mises en place à une échelle globale. Les réponses les plus couramment émises sont :
Apparu officiellement, dans les plans de santé publique à partir des années 2000, le “proche aidant” bénéficie d’un statut juridique, depuis la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement du 28 décembre 2015.
Le nombre de personnes se retrouvant en situation de « salarié aidant » augmentant chaque année, ainsi, il devient impératif de prendre des mesures sociales pour les aider et les protéger.
Par-delà les âges et les situations de vulnérabilité, la figure du “proche aidant” a toujours existé. Mais, si la majorité se retrouve obligée de concilier une vie professionnelle avec ce rôle d’aidant, il n’existe en revanche pas encore en France un statut officiel de “salarié aidant”.
Les salariés aidants représentent un nouvel enjeu majeur pour les entreprises, leur nombre étant en croissance chaque année.
Cette partie de l’article détaillera les bonnes pratiques proposées aux entreprises pour soutenir leurs employés dans leur condition de salarié aidant sans pour autant compromettre leur carrière.
Entre bienveillance et soutien, quelles actions concrètes peuvent être mises en place pour accompagner un salarié se retrouvant avec un proche dépendant à charge ?
De nombreux salariés aidants font face chaque jour à des difficultés dans le cadre de leur travail. Il peut s’agir de reproches, de remarques désobligeantes de la part de leurs collègues ou de leurs supérieurs concernant des retards, des absences répétées, une perte d’efficacité et de motivation, le refus d’une promotion, etc…
Ces employés peuvent être perçus comme « moins efficaces et moins rentables », surtout dans un contexte économique compliqué. La plupart en ont bien conscience et n’osent pas évoquer leur situation. Ainsi, ils s’épuisent sur les deux fronts, au risque de mettre à terme leur propre santé en danger.
Bien souvent, ces réactions sont dues à une méconnaissance de la situation, ou à un manque d’information concernant cette problématique.
Heureusement, de nombreux acteurs publics (syndicats, associations…) ont bien conscience de l’ampleur du problème et œuvrent pour faire entendre la voix des Aidants et faire reconnaitre leurs droits. La notion du « bien-être au travail » étant au cœur des préoccupations RH actuelles, plusieurs grands groupes ont déjà pris la situation en main et ont mis en place un certain nombre d’actions concrètes dans l’accompagnement de leurs salariés aidants.
Il est essentiel de faire connaître votre situation à votre employeur. Oser en parler vous libérera d’un poids, et permettra à votre hiérarchie de mieux appréhender votre situation.
Rappelez-vous que toute forme de discrimination au travail est interdite, et que vous êtes dans votre droit. Toutefois, si vos appréhensions sont trop grandes, n’hésitez pas à demander à être soutenu dans cette démarche. Vous pouvez par exemple vous rapprocher du syndicat de votre entreprise, ou vous renseigner auprès d’une association pour les aidants. Quoi qu’il en soit, ne gardez pas cela pour vous, car des solutions existent.
De nombreuses entreprises et notamment des grands groupes ont déjà mis en place un certain nombre de « bonnes pratiques » visant à soutenir leurs salariés aidants au quotidien. Leurs mises en place ne sont pas obligatoires. Chaque entreprise est ainsi libre de choisir les actions qu’elle souhaite mener.
En se taisant, les aidants se rajoutent un lourd fardeau sur les épaules, inciter au dialogue et les encourager à évoquer leur situation en interne est le premier pas vers une évolution positive.
La cause des aidants est un sujet encore trop méconnu du grand public. Par conséquent, certaines entreprises estiment nécessaire de sensibiliser leurs employés à cette problématique. Cela peut être fait sous la forme de communication interne (intranet, affichage…), de journées à thèmes, de formation des managers, etc…
Certaines entreprises acceptent de mettre en place des aménagements spécifiques afin de permettre à l’aidant d’être plus présent auprès de son proche sans pour autant cesser son activité.
Parmi ces aménagements, les plus communs sont :
Certaines entreprises permettent à leurs employés de bénéficier de chèques CESU préfinancés, sur le même principe que les « chèques restaurant ».
Depuis le 15 février 2018, n’importe quel salarié peut offrir des jours de congé à l’un de ses collègues. Il peut s’agir par exemple de RTT, jours de récupération non pris ou de la cinquième semaine de congés payés. La loi stipule que le don est sans contrepartie et anonyme.
Il incombe au département des ressources humaines de s’en occuper et d’informer les salariés sur ces sujets.
Même si des progrès restent à faire, il existe à ce jour des solutions pour permettre temporairement à un aidant de bénéficier d’un congé rémunéré pour s’occuper de son proche.
Ces deux solutions s’appliquent de fait à toute personne pouvant justifier de son statut d’aidant et ne peuvent être remises en cause par l’employeur.
Depuis septembre 2020, l’Aidant peut bénéficier d’une indemnisation lors de son congé de proche aidant.
Cette démarche est à l’initiative de l’employé et ne peut être contestée par l’employeur, sauf si le demandeur ne remplit pas les conditions légales pour prétendre à ce congé.
Il est d’une durée maximale de 3 mois renouvelables sous conditions, et ne peut pas dépasser 1 an sur l’ensemble de la carrière du salarié.
Tout savoir sur le congé de proche aidant
Ce congé permet au salarié de s’absenter pour assister un proche en fin de vie.
Il est d’une durée maximale de 3 mois renouvelables une fois et peut être pris en continu ou en fractionné.
Durant cette période, le salarié n’est pas rémunéré mais perçoit l’allocation journalière d’accompagnement d’une personne en fin de vie.
Cette démarche est également à l’initiative du salarié et ne peut pas être refusée par l’employeur.
Tout savoir sur le congé de solidarité familiale
Il est également possible, en tant que proche aidant, de devenir l’ « employé » de son proche âgé dépendant, et donc percevoir un salaire pour l’aide accordée. Bien que peu répandue, cette solution permet à l’aidant de pouvoir s’occuper de son proche à temps plein, sans risquer de tomber dans la précarité financière.
Pour pouvoir prétendre au statut d’aidant familial salarié, il faut impérativement que certaines conditions légales soient remplies :
Toutes les démarches sont à effectuer en ligne, sur le site du CESU :
La personne dépendante crée un compte employeur et reçoit un numéro d’immatriculation, son identifiant et son mot de passe. De son côté, l’aidant se déclare sous le statut d’aidant familial salarié.
La personne dépendante devra, en tant que particulier employeur, procéder à la déclaration mensuelle, correspondant au nombre d’heures effectuées et au salaire net versé (le salaire de l’aidant devra être versé sous la forme de chèques CESU). Elle devra également s’acquitter du montant des charges salariales prélevées par l’URSSAF.