Je m'appelle Bastien et je viens de terminer ma sixième année de médecine. J'ai fait tout mon externat à Paris, à la Faculté Pierre et Marie Curie.
J'étais en troisième année et j'avais un peu de temps pour travailler en plus des cours. Je cherchais donc un job et j'avais vu, par hasard, un post à propos d’Ernesti sur un groupe de promo. Je me suis donc renseigné auprès de vos services sur les Accompagnements et je me suis lancé !
Je cherchais un job étudiant qui soit compatible avec des études de médecine, c'est-à-dire plutôt le soir. En journée, nous sommes en cours et donc peu disponibles. J'avais déjà fait plusieurs petits boulots, comme donner des cours, mais par rapport aux études de médecine, ce n'était pas le plus intéressant pour moi en termes de temps de travail, de compatibilité avec la Fac, avec les stages. Il m'était assez compliqué de dégager du temps, d'autant que j'habitais assez loin de Paris.
Avec Ernesti, je pouvais rester à Paris le soir et les horaires me convenaient parfaitement. Il y avait aussi tout le côté « accompagnement à la personne » que je n'avais jamais fait, mais qui m'intéressait. Dès mes premières nuits de garde, cela m'a tellement convenu que j'ai eu envie de continuer.
En trois ans, j'ai travaillé de manière continue et j'ai accompagné cinq familles différentes.
J'ai débuté par une expérience pas forcément très facile, mais très intéressante. J'ai accompagné un monsieur qui avait quelques troubles de la marche, tendance à chuter, mais surtout une démence assez avancée. Il ne parlait pas beaucoup et était souvent confus. Sa fille dormait déjà chez lui de manière régulière et cherchait un soutien pour avoir un peu de répit. J'ai passé environ cinq mois chez lui, à raison de deux fois par semaine. C'était parfait pour moi et cela correspondait aux attentes de l'aidante. Plusieurs événements ont fait que petit à petit il a été régulièrement hospitalisé et a reçu des traitements médicamenteux plus lourds. J'ai été avec eux jusqu'à ce qu'il soit placé en institution. Ce premier accompagnement a été riche d'expériences pour commencer.
Vous m'avez ensuite mis en relation avec une autre dame, et je pense que cet accompagnement a été le plus compliqué pour moi. Cette dame souffrait d'une maladie d’Alzheimer assez avancée, elle déambulait beaucoup et avait tendance à crier et ne communiquait pas beaucoup. Dit comme cela, mes propos peuvent faire un petit peur et en effrayer plus d'un pour les accompagnements. En définitive, tout s'est plutôt bien passé, et je suis resté chez elle six mois. Il y avait moins de communication qu'avec le monsieur précédent. Parfois, lorsque j'arrivais, elle était déjà couchée et la relation n'était pas toujours très interactive. Mais bon, nous arrivions tout de même à nous voir de temps en temps et à instaurer un échange. Elle dormait beaucoup et je n'avais pratiquement à intervenir que lorsqu'elle déambulait pour éviter qu'elle chute et pour l'aider à se recoucher.
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L'expérience humaine a été plus riche pour moi lors des trois derniers accompagnements. Après cette dame, vous m'avez proposé d'accompagner une dame qui avait une sclérose en plaques. Elle était assez autonome dans ses activités du soir, ce qui me laissait une certaine liberté, tout en étant présent dès que nécessaire. Nous avions beaucoup d'échange lors du repas que je lui donnais, car elle avait de grosses difficultés à le prendre seule. Nous parlions de tout, de la vie en générale, de sa vie personnelle, de la mienne, elle me demandait quels stages j'effectuais et comment ils se passaient. C'était très sympa. Je suis resté chez elle pendant presque un an. Nous avons vraiment tissé un lien et j'ai eu de nombreux contacts avec ses enfants.
C'est aussi un aspect très intéressant du travail chez Ernesti. Ces relations entre la Chouette et les Aidants permettent pour la famille d'avoir un regard extérieur sur leur proche, d'échanger régulièrement avec une personne référente. Je faisais également des transferts, je l'aidais à rejoindre sa chambre, rien de trop lourd pour moi. Comme nous n'étions que deux pour assurer le service de nuit, j'étais assez souvent sollicité.
Début 2020, j'ai suivi deux familles en même temps pendant quelques mois. J'ai été chez un couple cette fois, ce qui change beaucoup. Un couple de personnes très âgées, la dame a aujourd'hui 97 ans. Je continue d'y aller très ponctuellement. Initialement, l'accompagnement concernait le monsieur qui avait eu des difficultés respiratoires. Une présence la nuit d'un étudiant dans le domaine médical et qui pourrait intervenir en cas de besoin rassurait la famille.
Cette expérience a été assez chargée en émotions... Le monsieur est malheureusement décédé en ce début d'année. C'est quelque chose qui peut arriver lorsque l'on travaille chez Ernesti, même si, pour ma part, je n'ai jamais vécu de choses graves au cours de mes nombreux accompagnements. Son épouse est donc maintenant seule à la maison, mais je continue à intervenir régulièrement. Nous sommes plusieurs à venir chez elle, et elle est toujours très contente et rassurée de nous voir arriver. Notre présence est une compagnie, pour le coup, très importante pour elle.
La dernière famille que j'accompagne depuis un an maintenant, n'habite pas, contrairement à toutes les autres, à Paris, mais dans les Yvelines, tout près de chez moi (ce qui est très pratique). Depuis le mois de juin, puisque j'ai terminé les ECN (Epreuves Classantes Nationales / anciennement le Concours de l'Internat - ndlr), j'ai beaucoup plus de temps pour m'occuper d'elle. Au départ, mon intervention se faisait dans le cadre d'un retour à domicile après avoir passé le confinement dans la famille.
La dame présentait des troubles de la marche, des risques de chute. L'accompagnement sur une longue durée m'a permis de voir l'évolution de cette personne pour qui le maintien à domicile a été très bénéfique, mais qui a perdu une certaine autonomie. Lors de ces derniers mois, j'ai aussi effectué des heures en journée chez elle. Nous sommes deux à aller chez elle, nous nous relayons et tout se passe très bien même si les interventions sont un peu plus lourdes du fait de sa perte d'autonomie.
Lorsque l'on s'engage à faire des accompagnements, il faut savoir que l'on peut parfois être très sollicité aussi bien physiquement (transferts, aide à la marche, au lever et au coucher) qu'émotionnellement. Mais bon, globalement, même s'il y a parfois des moments un peu plus difficiles, les accompagnements restent très bénéfiques et pour nous les Chouettes, ainsi que pour les Accompagnés et pour les Aidants.
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Cela dépend déjà de la capacité de chacun à assurer un emploi en plus des études. Initialement, je ne faisais pas autant de nuits que maintenant. J'ai vite adopté un rythme qui m'a permis un équilibre entre mes vies personnelle et scolaire. Je pense que le travail chez Ernesti est complètement compatible avec des études de médecine.
Les accompagnements ne m'ont jamais empêché de travailler mes cours ni pris trop de temps sur mes études. Ce qui m'a aidé, d'une manière pratique, a été de pouvoir rester le soir à Paris et de ne pas perdre de temps dans les transports. Ainsi, je pouvais travailler plus longtemps à la bibliothèque avant d'aller prendre « mon service ». Cet aspect m'a poussé à faire pas mal de nuits. Mais encore une fois, on peut tout à fait travailler ses cours lorsque l'on fait des Accompagnements.
Ce n'est pas comme lors d'un stage ou de gardes à l'hôpital pendant lequel on n'a aucun moment à soi. Là, on peut travailler tout en étant présent auprès de la personne chez qui l'on est, pendant qu'elle regarde la télévision ou lorsqu’elle dort si elle se couche tôt.
Dans tous les cas, les Accompagnements commencent à 20h pour se terminer à 8h le lendemain matin. Je ne pense pas que ce soit, pour la majorité des étudiants, la période où l'on est le plus productif intellectuellement. Si l'on étudie tout au long de la journée, on peut tout à fait assurer une nuit Ernesti sans stresser et culpabiliser par rapport aux études.
J'ai toujours fait beaucoup de nuits, car j'avais besoin de gagner plus d'argent pour être indépendant financièrement. Après cela dépend de la situation de chacun. Ernesti propose une grande flexibilité dans les calendriers qui sont remplis chaque mois. Ainsi, chaque Chouette peut s'organiser suivant ses cours, ses examens, etc. On peut également réduire ou augmenter le rythme d’un mois sur l’autre selon son emploi du temps scolaire et personnel !
L'expérience chez Ernesti m'a permis d'avoir un autre regard sur « les patients ». Être à domicile est très différent de ce que l'on peut rencontrer comme prise en charge en stage ou à l'hôpital. En tant qu'étudiant, on n'est jamais amené à vivre ce côté du soin. Humainement, le fait d'aider une personne âgée régulièrement crée une relation tout à fait particulière. Ces personnes sont heureuses de notre présence et ce sentiment est vraiment gratifiant.
Nous avons le sentiment de leur être utiles. Le contact humain que l'on développe avec nos Accompagnés est très important. C'est une vraie relation qui se crée entre eux et nous. Si je ne devais retenir qu'une chose qu'Ernesti m'a apportée pendant mes études, c'est vraiment cela. J'ai pu développer mon côté relationnel. Je me suis rendu-compte que d'échanger avec des personnes était quelque chose dont j'avais besoin et pour laquelle j'avais des facilités. Cela a d’ailleurs en partie contribué à mon choix de spécialité (médecine générale) !